A L’Opinion Publique,

Sur les émeutes des 14, 15, 16, et 17 juin [1831]

Le gouvernement avait promis que les émeutes ne se renouvelleraient pas. Les citoyens de toutes les classes avaient manifesté l’opinion que les émeutes démontraient la désaffection d’une partie considérable de la population à l’égard du pouvoir; la mission de celui-ci consistait bien plutôt à les prévenir qu’à les réprimer. On sait que les émeutes sont devenues plus fréquentes; elles ne se sont éteintes qu’après avoir produit leur effet, et le gouvernement ne peut pas même se vanter de les avoir comprimées; bien loin de là, il a contribué à les prolonger par la brutalité de ses agens, et par le déploiement d’une force inutile, par conséquent irritante pour les masses qu’elle frappe sans but et sans excuse. Il importe donc qu’il soit bien avéré qu’après avoir fait naître les rassemblements par son incapacité, par son absurde système, et par les actes qu’il produit chaque jour, le gouvernement seul a prolongé les émeutes par l’emploi des moyens de répression les plus cruels et les plus lâches, extrème ressource de la faiblesse et de la peur, qui sent arriver l’heure de son destin inévitable.

Tout le monde sait que l’horloger Marchal avait maltraité un jeune colporteur qui lui offrait, pour la lui vendre, une histoire de Napoléon pendant les cent jours. Cet homme était réputé mouchard du gouvernement déchu; il était connu comme carliste. Le peuple le voyant impuni pour le fait de ses mauvais traitemens, et témoin de ses nouvelles violences à l’égard des enfans qui le brûlaient en effigie devant sa porte, pensa que le gouvernement, cette fois encore, comme dans l’affaire de Saint-Germain-l’Auxerrois, refusait de faire justice. Il se crut trahi, et cette croyance, qui ne serait née dans l’esprit de personne si le pouvoir ne l’alimentait chaque jour par ses actes, prit aussitôt un caractère de généralité, et produisit une explosion, qui prouve mieux que tous les raisonnemens, la nature du sentiment qui vient d’agiter les masses. Les manifestations du peuple furent si promptes et si énergiques, qu’il n’y en eut aucun moyen de s’abuser. Trente mille individus, et non pas quelques polissons des rues, vinrent sur les boulevards; ils y vinrent pour témoigner leur mépris et leur indignation contre un pouvoir dont les actes sont si funestes à la prosperité publique et à l’honneur de la France. Il n’était plus question, dans les groupes, de l’horloger brutal, mais des griefs de la population contre les hommes qui s’acharnent, par la ruine de toutes les industries, à lui arracher son dernier morceau de pain. Tel était le texte de toutes les conversations; elles ne trouvaient tant d’approbation, queparce que chacun était pour son interlocuteur la preuve vivante de la vérité des accusations. Est-il possible, que dans cette marche ascenante de la misère générale, le moindre prétexte ne serve de ralliement? Est-il besoin de supposer des instigations, pour réunir dans un sentiment commun un aussi grand nombre d’individus? Non, il faut des causes qui aient la réalité et la généralité, qui seules agissent sur les masses. A quoi, si ce n’est à de telles causes, peut-on attribuer la persévérance des groupes à se former malgré la futilité de l’origine de l’émeute? Qu’on y prenne garde, car il y va de la vie pour ceux qui parient contre l’émeute. Les causes que nous signalons, si elles existent, sont supérieures à toutes les efforts contraires, et quand l’heure sonnera, il n’y a pas de puissance au monde capable d’empêcher leur action. C’est ici un avertissement. N’a-t-on pas remarqué les progrès de l’irritation populaire? N’a-t-on pas vu les tentatives sérieuses de résistance? le cri général de menace contre le pouvoir? Avait-on essayé jusqu’au présent d’élever des barricades? d’assaillir les troupes à coup de pierres? Avait-on tenté un mouvement subit et spontané pour prendre les fusils chez les armuriers? Voilà pourtant le fait qui caractérise la dernière émeute; un fait encore plus grave est arrivé: le peuple a appelé à lui la ligne, il s’est montré désaffectionné envers la garde nationale. Certes, si quelque chose peut amener les malheurs que la bourgeoisie redoute, c’est la continuation du rôle qu’on lui fait jouer; c’est la continuation du soutien qu’elle prête à un pouvoir qui la compromet à l’égard du peuple, sans lui offrir la force qui seule pourrait la protéger. C’est à tort pourtant qu’on accuserait la bourgeoisie elle-même; il faut le dire, pour achever d’éclairer ceux qui s’obstinent à nier la lumière. Un des plus remarquables caractères des dernières émeutes, est le petit nombre de gardes nationaux qui ont répondu au rappel. Les légions les plus renommées pour leur dévouement au ministère n’ont fourni que peu d’hommes; c’est ce qu’ont vu tous ceux qui observent avec attention, ou qui ayant de nombreuses connaissances dans la garde nationale, les ont interrogées sur la part qu’elles avaient prises à la répression de l’émeute. Voilà pourtant ce qu’on laisse ignorer à Paris et à la France. Voilà comment on achève de se faire illusion, et comment on se précipite dans l’abîme. Aussi dans son abandon, le pouvoir a employé les machinations les plus odieuses. Le préfet de police n’a pais craint d’accuser le peuple de pillage. Le pillage n’a point eu lieu. C’était un bruit concerté pour réveiller le zèle trop ralentie de la garde nationale, et, du même coup, influencer le électeurs timides. Le peuple ne s’est porté que chez un armurier: ce fait sera apprécié par tous, comme né d’une toute autre intention de celle de piller. C’est cette intention qui a fait pâlir les hommes du ministère; car c’est à ce moment que le défaut d’une direction supérieure s’est montré dans les troupes employées à comprimer le peuple; c’est alors qu’on a vu des soldats à cheval poursuivre les citoyens jusque dans les passages, et les parcourir dans toute leur longeur; c’est alors qu’on a sabré des citoyens isolés et inoffensifs, c’étaient des espèces de Saturnales de la cruauté.

Il faut que l’on sache enfin que des blessés et des morts ont été amenés à l’Hôtel-Dieu; on a vu des cadavres par trois, entassés au coin des rues et chez des marchands de vins; ceci est de notoriété publique, plusieurs journaux contiennent, à cet égard, des lettres et des articles que ne sont pas démentis.

Un homme surtout, fuyant devant la garde nationale, est arrêté dans la rue Mauconseil; pendant qu’on le fouille, il pousse un cri, et rend le dernier soupir; il venait de recevoir par derrière un coup de baïonnette qui lui avait traversé le ventre. Un officier d’état-major de la garde nationale prétend qu’on lui a tiré des coups de pistolet, du fond du café du passage du Caire; il entre dans le café, qui ne contenait que cinq personnes, la plupart occupées à jouer au domino, et parmi lesquelles étaient deux dames. Il accuse un jeune homme qui se trouvait là d’être l’auteur des coups de pistolet: sur sa dénégation, il le frappe à grands coups de l’épée, et finalement en casse le pommeau sur sa figure; après cet exploit, il fait briser les tables et les glaces du café.

Au poste de Bonne-Nouvelle, un homme est arrêté, un moment après on apprend qu’il a succombé sous les coups de crosse dont il a été frappé dans le corps-de-garde.

Il serait facile de multiplier ces sortes de récits; mais déjà les journaux ont été forcés, par la clameur publique, d’enregistrer dans leurs colonnes des faits de ce genre.

Perardel, ancien officier de cavalerie, a été assommé à coups de crosse et blessé par la bayonnette de Gardes-nationaux indignes de ce nom. Il demande à connaître les noms des lâches qui l’ont assassiné, en lui criant: Marche! marche! il aurait voulu leur apprendre à son tour comment marche un vieux soldat décoré par Napoléon.

On a vu les déclarations précises de Carré, Dalbard et Bravard, avocats, tous Gardes-Nationaux, et qui dénoncent des actes de brutalité dont on n’a jamais accusé les Gendarmes du roi déchu.

Brismontier a signalé un meurtre commis par des Chasseurs de la 5e légion, compagnie Pécourt, sur Fleuret, sous-officier de la Garde-Nationale, qui cherchait à éviter les rassemblemens des boulevards.

Napoléon Tachoux, avocat, blessé de plusieurs coups de sabre, reçoit du Capitaine auquel il adresse ses plaintes, une réponse gougenarde.

Tous ces plaignans sont membres de la Garde-Nationale; ainsi on a réussi à armer les citoyens les uns contre les autres. On ne se connaît plus, ce sont des coups portés en aveugle, qui attestent l’absence de toute direction uniforme. Ceux qui parlent si souvent contre l’anarchie, peuvent se flatter d’en avoir offert la plus ressemblante image. Mais comme il arrive dans les grands désordres, le caractère ou la valeur personnelle de chacun est sa seule sauvegarde; les lâches qui sabrent l’homme inoffensif et timide reculent devant l’homme ferme et fort.

L’imprimeur d’un journal est rencontré dans la rue Poissonnière, par un officier d’état-major de la Garde-Nationale, conduisant une troupe de Dragons: Dragons! s’écrie l’officier, sabrez moi cet homme! Le citoyen indigné saisit la bride du cheval et invite l’officier à lui donner son adresse; car, ajouta-t-il, c’est ainsi qu’un homme prouve qu’il a du coeur, et qu’il n’est pas un lâche assassin. L’officier déconcerté, voyant que les Dragons ne sabraient pas, changea son apostrophe impertinente en représentations officieuses. Je n’écoute pas plus vos représentations que vos menaces, répondit le citoyen menacé; voilà mon adresse, j’attends demain votre réponse. Le lendemain, M. Hingray reçoit un message lui apportant des excuses au nom de M. Charles Laffitte, fils de M. Eugène Laffitte. Les voilà tous! des excuses en particulier, des assassinats en masse.

Poursuivis par des groupes d’empoigneurs, quatre jeunes gens s’étaient réfugiés dans la maison de Me Cherion, rue Saint-Denis, no 170; cette Dame fit monter ces jeunes gens au premier étage; tout à coup, des Gardes Nationaux s’élancent à la suite d’un sergent, et vont saisir ces jeunes gens dans l’asyle que l’humanité leur avait offert... Il était neuf heures du soir!... des Gardes-Nationaux ne graignent pas de violer ainsi le domicile du citoyen! Ils se montrent en cela pires que les Gendarmes de Charles X, qui du moins a pareille heure s’arrêtaient à la porte.

Ces faits suffisent pour prouver le degré de brutalité et d’égarement où sont arrivés les agens d’un ministère vacillant. Mais ce qu’on ne sait pas assez, c’est que le peuple satisfait d’avoir protesté par sa Marseillaise et ses cris dans les rassemblemens du 14 et du 15 juin, ne paraissait pas disposé à les renouveler; c’est le 16, que lorsqu’ils ont vu l’émeute prête à finir, les hommes, qui s’étaient montrés tremblans et irrésolus, reprirent tout leur courage, et par l’irritation bien naturelle que leurs mesures à la fois inutiles et sanguinaires parvinrent à entretenir et à augmenter, prolongèrent les agitations pour les exploiter, sans doute, par leurs chants de triomphe au profit de leurs élections; c’est alors qu’on fit courir le bruit qu’un grand nombre de boutiques avaient été pillées. Ils n’étaient pas dans les rangs du peuple de juillet, ceux qui ont osé publier cette infamie; ils ne l’ont pas vu pauvre et sans pain, garder la banque où étaient enfermés tant de trésors, sans avoir même la pensée d’en soustraire un écu; il faut encore leur répéter la déclaration de ce commissaire de police qui rétablit l’ordre chez le curé de Saint-Germain-l’Auxerrois: la foule assiégeaite la porte, menaçante et ayant franchi tous les obstacles; entrez, lui dit-on, il y a de l’or; et le peuple s’enfuit....

Et maintenant pour quelque intérêt de Cour et de coterie ils viennent calomnier ce peuple généreux! ces hommes dont la férocité vient de dépasser de bien loin celle des Delavan et des Mangin! et c’est pour un individu, c’est dans l’intérête d’un ministre, qui le 27 juillet, ferma sa porte aux étudians sabrés par la gendarmerie en face de son domicile! N’est-il pas vrai que les lâches ont toujours été les plus féroces?

Qu’ils apprennent du moins que l’emploi de moyens sembables aux leurs a toujours signalé et surtout en France, depuis 40 ans, les derniers efforts d’un pouvoir expirant; qu’on se réjouisse ou qu’on gémisse à l’aspect des émeutes: ce n’est pas là le point imporatnt; ce qui mérite une grave considération, c’est que les émeutes sont un fait supérieur apparemment au pouvoir, puisqu’elles se renouvellent malgré ses promesses; ce qu’il faut savoir, c’est qu’elles deviennent plus fréquentes, que les individus qui y participent sont plus nombreux, que leur résistance est plus opiniâtre. Qu’il survienne maintenant un de ces événemens qui ne manquent jamais, et qui font éclater, avec plus d’énergie, l’antipathie de la nation contre un système absurde et condamné par elle; que la sainte-alliance nous menace avec un peu plus d’impudeur, ou que le carlisme relève la tête avec un peu plus d’audace; et l’armée incertaine dans son obéissance, et la garde nationale réduite à quelques centaines d’hommes dévoués à tous les régimes, laisseront un libre et large cours au flot populaire. Ils iront se cacher dans les entrailles de la terre, ces hommes qui calomnient le peuple et commettent des crimes pour l’en accuser. Ils devraient au moins respecter ses vertus, s’ils ne savent pas compatir à sa misère.

Mais non, ceux qui au plus fort des derniers rassemblemens avaient déjà perdu la tête et ne savaient plus donner d’ordres, on les a vus, quand l’émeute est devenue moins menaçante, ridicules parodistes des grandes scènes qu’ils n’ont jamais comprises, parler de faire, de par la puissance du juste milieu, un nouveau 13 vendémiaire, et promener, dans Paris étonné, des canons destinés à mitrailler ce peuple trop patient.

Voilà leur courage! on peut dire aussi, voilà leur aveuglement!

Il est temps que l’opinion publique, que nous invoquons ici, achève de se détacher de ce ministère mille fois déplorable, et l’abandonne à son inévitable destin.

(Publié par la Société des Amis du Peuple.) Imprimerie de A. Parbier, rue des Marais S.-G., n. 7.

 

To public opinion,

On the émeutes of 14, 15, 16, and 17 June [1831]

The government had promised that the émeutes would not happen again. Citizens of all classes had manifested the opinion that émeutes demonstrated the disaffection of a considerable part of the population with authority; the mission of this authority consisted rather in preventing them than in suppressing them. We know that émeutes have become more frequent; they are not extinguished except after they have produced their effect, and the government cannot even brag of having repressed them; far from it, it has contributed to prolonging them through the brutality of its agents, and through the deployment of useless force, consequently irritating the masses because it strikes without aim and without excuse. Thus it matters that it has been proven, that after causing these gatherings to come into being by its ineffectiveness, by its absurd system, and by the acts which it brings forth every day, the government alone has prolonged the émeutes by the use of the most cruel and cowardly means of repression--the extreme measures of weakness and fear, when it senses the approach of its inevitable destiny.

Everyone knows that the watchmaker Marchal had mistreated a young peddler who offered to sell him a history of Napoleon in the Hundred Days. This man was reputed to be a spy of the deposed government; he was known as a Carlist1. The people, seeing him unpunished for his cruel actions, and witnessing his fresh violence towards the children who burned him in effigy in front of his door, thought that the government once more, as in the affair of Saint-Germain-l'Auxerrois2, was refusing to render justice. The people believed they had been betrayed, and this belief, which would never have been born if the present authority had not fed it every day with its actions, immediately took on a general character and produced an explosion--which proves better than all the reasoning in the world the nature of the sentiment which is agitating the masses. The people's demonstrations were so prompt and so energetic that there was no way to be deceived. Thirty thousand individuals, not a few mere rabble-rousers of the streets, came out on the boulevards; they came there to give witness to their contempt and indignation against an authority whose actions are so grievous to public prosperity and to the honour of France. It was no longer a question, in these groups, of the brutal watchmaker, but of the griefs of the population against the men who were determined to wrest away, through the ruin of all the industries, its last scrap of bread. Such was the subject of all conversations; these conversations did not find so much approval, because everyone was, for his interlocutor, the living proof of the truth of his accusations. Is it possible, that in this rising march of general misery, the least pretext serves as a rallying point? Is there a need for instigators in order to gather such a great number of people in common sentiment? No, there is a need only for causes which have reality and generality, which agitate the masses on their own. To what, if not these causes, can one attribute the perseverance of such groups to form despite the futility of the émeute’s origin? Let all take heed, for the lives of those who bet against the émeute will be at stake. The causes that we represent, if they exist, are superior to all efforts against them, and when the hour is at hand, there is no power in the world capable of preventing their action. This is a warning. Have we not all remarked upon the progression of the people’s irritation? Have we not seen the serious attempts at resistance? the general cry of menace against the present authority? Has nobody tried before now to raise barricades? to assault the troops with paving stones? Has nobody attempted, suddenly and spontaneously, to take the guns from the armorers’ shops? This, however, is the sort of event which characterizes the previous émeute; a still more grave event has arrived: the people have called it to the line, and they have demonstrated their disaffection with the National Guard. Certainly if anything can bring about the misfortunes which the bourgeoisie dreads, it is the continuation of the role which the people are forced to play; it is the continuation of the support which the bourgeoisie gives to a government which compromises it in the view of the people, without offering them the force which alone could protect it. But it is wrong to accuse the bourgeoisie itself; it must be said, to finish enlightening those who insist upon denying light. One of the most remarkable aspects of the last émeute is the small number of National Guards who responded to the call to duty. The legions most renowned for their devotion to the ministry provided only a few men; this has been seen by all who observe with attention, or who, having many acquaintances in the National Guard, have questioned them about the part which they played in the repression of the émeute. This, however, is left ignored in Paris and in France. This is how one finishes deceiving oneself, and how one casts oneself into the abyss. Also, in its abandon, the government employed the most odious frame-ups. The prefect of police did not fear to accuse the people of pillage. This pillage never took place. This was a concerted rumor to revive the lagging zeal of the National Guard, and, at the same time, to influence the more timid electors. The people appeared only in an armorer’s shop: this will be appreciated by all as stemming from a completely different intention than pillage. It is this intention which made the men of the ministry go pale; for it was at this moment that the lack of a superior direction was shown among the troops used to put down the people; it was then that soldiers on horseback were seen pursuing citizens even into the alleyways, and chasing them down their entire length; it was then that they stabbed isolated and inoffensive citozens, in a sort of Saturnalia of cruelty.

It must be known at last that the dead and wounded were taken to the Hotel-Dieu; corpses were seen in threes, piled up in the corners of the streets and in the wine-shops; this is a matter of public notoriety, and several newspapers contain in this regard letters and articles which have yet to be refuted.

In particular, a man, fleeing before the National Guard, is arrested in the rue Mauconseil; while they are searching him, he lets out a cry and gives a last gasp; he had just received from behind a bayonet strike which pierced his stomach. A staff officer of the National Guard pretends that pistol shots were fired at him from the café in the passage du Caire; he enters the café, which contained no more than five people, most of them occupied in a game of dominoes, and among whom were two women. He accuses a young man of being the one who fired the pistol shots: when the man denies it, he stabs him with his épée and finishes by smashing the pommel across his face; after this exploit, he breaks the tables and glasses of the café.

At the Bonne-Nouvelle post, a man is arrested, and shortly afterward it is discovered that he died from the blows of a pistol butt which were struck inside the guardhouse.

It would be easy to multiply these sorts of stories; but already the newspapers have been forced by the public clamor to record facts of this nature in their columns.

Perardel, a former officer of the cavalry, was knocked out by blows of a pistol and wounded by the bayonets of National Guards unworthy of their name. He demands to know the names of the cowards who attacked him while shouting, “March! March!”; he would have liked to teach them in his turn how an old soldier decorated by Napoleon marches.

We have seen the precise declarations of Carré, Dalbard, and Bravard, lawyers, all National Guards, who denounced acts of brutality the like of which the gendarmes of the deposed king were never accused of.

Brismontier reported the murder committed by cavalrymen of the 5th legion, Pécourt’s company, of Fleuret, a lower officer of the National Guard, who was trying to avoid the gatherings on the boulevards.

Napoléon Tachoux, lawyer, was wounded by several blows from a saber, as a mocking response from the captain to whom he addressed his complaints.

All of these plaintiffs are members of the National Guard; such is the success in arming citizens against each other. There is no longer any recognition; these are blows struck in blindness, which attest to the absence of all uniform direction. Those who speak out so often against anarchy may brag of having offered the spitting image thereof. But, as happens in great disturbances, personal character or valor of the individual is the only protection; the cowards who stab an inoffensive and timid man recoil before a strong and steadfast one.

The printer of a newspaper is found in the rue Poissonnière by a staff officer of the National Guard, who is leading a company of dragoons: “Dragoons!” cries the officer, “stab this man for me!” The indignant citizen seizes the horse’s bridle and invites the officer to give him his address; “for,” he adds, “that is how a man proves that he has a heart, and that he is no mere cowardly assassin.” The officer, disconcerted, seeing that the dragoons did not attack him, exchanged his impertinent apostrophe for officious posturing. “I am not listening to your posturing or your attempts to menace me any longer,” responded the citizen; “here is my address, and I will await your response tomorrow.” The next day, M. Hingray receives a message full of excuses in the name of M. Charles Laffitte, son of M. Eugène Laffitte. And that is how they all are! excuses for the individual, killings for the masses.

Four young men, pursued by groups bent on seizing them, take refuge in the house of Mme Cherion, rue Saint-Denis, no. 170; this lady had the young men go up to the first floor; suddenly, National Guards burst in on the orders of a sergeant, and captured the young men in the asylum which humanity had offered them... it was nine o’clock at night! The National Guards did not hesitate to violate thus the home of a citizen! In this, they have shown themselves to be worse than the gendarmes of Charles X, who at least stop at the door at such an hour.

These facts suffice to prove the degree of brutality and confusion at which the agents of a vacillating ministry have arrived. But what is not well-enough known is that the people, satisfied to have protested with their Marseillaise and their cries in the gatherings of 14 and 15 June, did not seem disposed to protest further; it was on the 16th that, when they had seen that the émeute was nearly finished, men who had shown themselves to be trembling and irresolute took up all their courage, and through the natural irritation which their measures--at once useless and bloody--succeeded in maintaining and augmenting, prolonged the agitations--in order, no doubt, to exploit them, with their songs of triumph to their profit in the elections. It was then that the rumor was passed around that a great number of shops had been pillaged. They were not in the ranks of the people in July, those who dared to publish this infamy; they never saw them, poor and without bread, guard the bank where so many treaures were shut up, without even the thought of taking away an écu; we must repeat for them the declaration of the commissionary of police who restored order in the church of Saint-Germain-l’Auxerrois: the crowd surrounding the door, menacing and and already having overcome all obstacles; “Come in,” they said to him, “there is gold inside.” And the people fled.

And now, for some interest of the Court and its coteries, they are slandering this generous people! these men whose ferocity surpasses that of Delavan and Mangin! and it is for one individual, it is in the interest of a minister who, on the 27 of July, closed his door to the students stabbed by the gendarmes in front of his house! Isn’t it true that cowards have always been the most ferocious?

Let them learn at least that the use of methods like theirs has always signalled--and above all in France in the past forty years--the last efforts of a dying power; whether you rejoice or lament at the émeutes is not the important point; what merits grave consideration is that émeutes are a fact plainly superior to power, for they renew themselves despite all its promises; what must be known is that they become more frequent, that the individuals who participate in them are more numerous, that their resistance is more obstinate. Now, let one of those events arise which are never lacking, and which cause to erupt, with more energy, the antipathy of the nation against an absurd system which it has condemned; whether the Holy Alliance menaces us a bit more shamelessly, or whether carlism rears its head with a bit more audacity; and the army, uncertain in its obedience, and the National Guard, reduced to a few hundred men dutiful to all regimes, will give free rein to the popular flood. They will hide in the bowels of the earth, these men who slander the populace and commit crimes to accuse it. They should at least respect its virtues, if they do not know how to have pity on its misery.

But no, those who, in the strongest of the previous gatherings, had already lost their heads and did not know how to give orders anymore--when the émeute became less menacing, we have seen these ridiculous parodists of great scenes which they never understood, talking of making, through the power of the juste milieu, a new 13 Vendémiaire, and parading through a shocked Paris the cannons destined to fire upon this too-patient people.

Here is their courage! here, one might also say, is their blindness!

It is time that public opinion, to which we appeal here, completes its detachment from this ministry a thousand times deplorable, and abandons it to its inevitable fate.

(Published by the Society of the Friends of the People.) Printed by A. Parbier, rue des Marais S.-G. n. 7.


1 Carlism was a legitimist movement that supported the Bourbon claim to the Spanish throne.
2 In February 1831 émeutes broke out in Paris when legitimists organized a commemoration of the Duc de Berri--a member of the House of Bourbon whose 1820 assassination became a rallying point for ultraroyalists--at the church of Saint-Germain-l'Auxerrois. This article disputes the reports that the church and later the archbishopric were sacked by the émeutiers.